Vague de licenciements dans l'industrie, Shell fait sa pub sur Fortnite
L'actu JV de la semaine du 8 octobre
« Jubilatoire », « magistrale », « incontournable » : autant d'adjectifs généralement employés pour décrire Turbo 9, votre newsletter résumant l'actualité de la semaine dans le petit monde du jeu vidéo. Entre de grosses vagues de licenciements et la fin des services en ligne de certaines consoles Nintendo, vous saurez tout ce qu'il y a à savoir, en toute indépendance¹ et sans contenus sponsorisés².
La déprimante actu de la semaine
Licenciements à tout va dans l'industrie
On n'a pas beaucoup rigolé cette semaine, qui a été rythmée par plusieurs vagues de licenciements dans différents studios. Après un premier coup de balai en début d'année, Team17 a annoncé avoir viré une cinquantaine des personnes de son service qualité. Ce studio est surtout connu pour la série des Worms, qu'il a décliné à toutes les sauces pendant des années avant de se lancer dans l'édition de jeux (Overcooked, Dredge, Blasphemous 2).
Le CEO est lui aussi sur le départ et serait parti « à l'amiable ». Arrivé fin 2021, on se souviendra de Michael Pattison comme celui ayant lancé le projet de NFT Worms, qui a évidemment fait un bide et qui a été annulé 24h après son annonce suite à un tollé général. Un tel fiasco a poussé Eurogamer à enquêter sur l'ambiance interne de la boîte : les employés ont alors dénoncé un management à la rue, de salaires trop bas et de charges de travail trop lourdes.
Team17 n'est pas le seul à se serrer la ceinture, et le studio phare de Sony Naughty Dog aurait remercié au moins 25 personnes selon Kotaku, ici aussi principalement dans l'équipe des testeurs assurance qualité. Le projet de jeu multijoueur tiré de la licence The Last of Us, dont on sait que le développement est compliqué, serait carrément en pause. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, BioWare n'a pas renouvelé le contrat d'une grosse dizaine de testeurs ayant travaillé sur Dragon Age : Le Loup implacable (que plus personne n'attend vraiment, mais qui a le mérite d'avoir un nom rigolo). De son côté, Telltate a également congédié ce qui semble être une bonne partie de son équipe.
Le pourquoi du comment
GamesIndustry.biz s'est demandé pourquoi diable tout le monde licenciait à tour de bras ces derniers temps. De grands noms comme Roblox, Blizzard ou Epic Games ont eux aussi récemment viré de nombreux salariés. Selon les experts interrogés, le climat économique maussade incite les studios à faire attention aux dépenses : la direction veut faire en sorte d'être plus efficace pour moins cher, quitte à dégraisser lourdement ses rangs.
Cette période noire est donc celle des réajustements, faisant suite au temps béni de la pandémie. De nombreux studios ont profité des différents confinements pour recruter massivement, l'industrie ayant eu droit à un gros coup de boost étant donné qu'une bonne partie du globe restait enfermée chez elle à chercher comment tuer le temps. Maintenant que la situation revient à la normale et que les investisseurs sont plus frileux, les licenciements apparaissent comme une solution rapide pour présenter des bilans dans le vert. Un analyste avance l'idée que plusieurs CEO s'inspireraient de la « méthode Musk », qui a viré environ la moitié des employés de Twitter en arrivant à sa tête.
De leur côté, les joueurs seraient moins tentés de dégainer la carte bleu face à l'inflation. Il faut dire que le catalogue n'aide pas : le nombre de sorties grimpe en flèche d'année en année, et les joueurs passent de plus en plus de temps sur leurs achats. Des jeux comme Baldur's Gate 3 ou Zeldeux prennent des centaines d'heures à terminer, ce qui ne les motive pas à aller regarder ce qui se fait ailleurs.
Si les vagues de licenciements devraient continuer, tout n'est pas noir pour autant. Les compétences dans le domaine du JV sont toujours « très demandées » selon les analystes, qui ajoutent que les plans sociaux mènent souvent à la création de nouveaux studios. « Lorsque le climat macroéconomique s'améliorera, les jeux vidéo seront inévitablement à l'avant-garde de la croissance et de l'emploi, estime la responsable d'une boîte de recrutement spécialisée.
Wii U, 3DS : ça sent le sapin pour le online
Fin de partie pour le online de la Wii U et de la 3DS. Nintendo a annoncé la fin prochaine des services en ligne de ces deux machines sorties il y a maintenant plus de dix ans. Autrement dit, il ne sera plus possible de s'en servir pour jouer en ligne à partir d'avril 2024. Un changement qui ne devrait pas gêner grand monde, mais qui marque tout de même la fin d'un chapitre pour Nintendo.
Le fabricant japonais a commencé à planter les premiers clous du cercueil en début d'année lorsqu'il a fermé les boutiques en ligne des deux consoles. Rien d'étonnant étant donné que la Wii U a été un des flops les plus retentissants du constructeur japonais, avec moins de 14 millions de consoles vendues. La plupart des jeux intéressants ont depuis été portés sur la Switch, comme Mario Kart 8 ou Zelda : BOTW. La 3DS s'en est mieux sortie et s'est écoulée à 75 millions d'unités. C'est correct, mais ça reste quand même moitié moins que la première DS.
Si aucune date de fin de service précise n'a été annoncée, Nintendo se réserve le droit d'avancer la manœuvre « en cas d'événement rendant compliquée la continuité des services ». Seuls la Banque Pokémon et Poké Transfert (arrivés au côté de Pokémon X et Y en 2013) resteront en ligne après l'échéance fatidique.
Un plein acheté, 5 000 V-Bucks offerts
Difficile de motiver les millenials à acheter du fuel, ceux-ci ayant tendance à bouder la bagnole et l'avion dans l'espoir d'éviter de futurs mois de novembre à 30°. « Qu'à cela ne tienne ! » se sont exclamés les dirigeants de Shell, qui se sont empressés de débloquer un budget pub pour viser… les joueurs de Fortnite.
La célèbre compagnie pétrolière a en effet lâché un billet à plusieurs créateurs de contenus pour faire la retape d'une nouvelle essence baptisée « V-Power Nitro+ » (parce que pourquoi faire sobre, après tout). Plusieurs cartes pour Fortnite ont été créées pour l'occasion, sur lesquelles on peut notamment trouver des stations Shell virtuelles. La marque a incité les joueurs à les streamer, mais aussi à partager leurs captures d'écrans accompagnées d'un hashtag (#ShellRoadTrips) en faisant miroiter des cartes cadeaux.
Les différents influenceurs contactés ont tous plusieurs millions d'abonnés répartis sur de multiples plateformes, ce qui devrait assurer à Shell une bonne visibilité. Le but de la manœuvre est évidemment d'aller chercher les plus jeunes sur Twitch, TikTok, Instagram ou YouTube. Rien de vraiment surprenant pour la marque au coquillage, qui n'a pas hésité à graisser la patte de certains influenceurs voyage ou beauté par le passé.
Ce n'est pas la première fois que Shell cherche à séduire les joueurs. Elle a déjà parrainé le développement d'un projet de jeu étudiant axé sur la sécurité routière à Singapour, mais aussi sponsorisé un gros évènement e-sport de League of Legend en 2019. Vivement le DLC gratuit pour Gas Station Simulator ou les cartes de roleplay pompiste dans Roblox.
C'est tout chaud, ça vient de sortir :
- C'est l'heure de fouiller dans le fichier « mots_de_passe.txt » habillement caché sur votre bureau pour retrouver votre vieux compte Ubisoft : Assassin's Creed Mirage est sorti cette semaine. Le titre se veut être un retour aux sources et propose de faire du parkour dans le Bagdad du 9e siècle, avec notamment un doublage en arabe pour l'immersion. Je ne vais pas y jouer parce que bon, j'ai terminé Assassin's Creed II en 2009 et que ça a l'air d'être toujours la même soupe, mais vous devriez y jeter un coup d'œil si vous voulez vous faire un petit trip nostalgie : les retours sont plutôt positifs. On regrettera le manque d'élégance d'Ubisoft, qui a attendu que les tests soient en ligne pour discrètement ajouter Denuvo via un patch day one. Disponible sur PC chez Epic ou Ubisoft, mais aussi sur consoles pour 50 €.
- Le détective Pikachu est de retour dans un jeu d'enquête visiblement moyen-moyen. Comme dans le film éponyme, il s'agit de résoudre une enquête avec un Pikachu à la voix rocailleuse déguisée en Sherlock Holmes. Ça peut valoir le coup de jeter un œil si vous avez un marmot à occuper, à condition qu'il parle anglais ou japonais (il n'y a pas de doublage français et c'est apparemment blindé de texte). Disponible uniquement sur Switch pour 50 €.
- WarioWare, c'est très sympa, mais dépoussiérer sa Switch et payer 60 balles pour une compilation de mini-jeux, c'est quand même un peu emmerdant. Les gens de chez Onion Soup Interactive se sont sans doute fait la même réflexion étant donné qu'ils développent actuellement une collection de mini jeux barrés nécessitant un seul et unique bouton. Le résultat s'appelle SUPER 56 et dispose désormais d'une démo jouable sur Steam. Ça a l'air joyeusement débile, alors pourquoi pas, d'autant plus que ça sera sûrement pas vendu plein pot.
- Nacon (anciennement Bigben Interactive) a visiblement validé un projet de jeu RoboCop qui sortira le 2 novembre prochain, soit 30 ans après la sortie du dernier film de la série. Si tout cela vous intrigue (il y a de quoi lever un sourcil quand même, faites un effort), une démo est maintenant disponible sur Steam. RoboCop y est doublé par l'acteur l'ayant incarné au cinéma, ce qui peut sembler être une bonne idée jusqu'à ce qu'on se souvienne que celui-ci a désormais 76 ans : à votre place, j'attendrais les premiers tests avant de placer ma précommande.
Le trailer de la semaine
Station to Station est sorti cette semaine. Ce jeu de maquette relax vous invite à construire vos tracés de rails avant de regarder de mignons petits trains en voxel art circuler dessus. Ça a l'air très joli, et il y a visiblement un côté puzzle-game pas trop compliqué qui semble parfait pour se détendre après une rude journée de boulot (sauf si vous bossez à la SNCF, j'imagine). Les retours sont pour le moment très positifs, comptez 17,99 € sur Steam.
En vrac
- Cela fait bientôt 20 ans que l'on a droit à un nouveau Call of Duty chaque automne, et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Le président d'Activision Rob Kostich a confié à GamesBeat qu'il avait des Call of prévus jusqu'en 2027, avec pas moins de 3 000 développeurs sur le coup. Entre ça, Warzone et les increvables déclinaisons pour smartphone, il est fort probable que vos enfants connaissent eux aussi la joie de faire des trickshots sur un énième remake de Nuketown avant de se plaindre que, quand même, le mode Zombie c'était mieux avant.
- Les esthètes qui me lisent (je les sais nombreux) vont bientôt pouvoir mêler leurs deux passions : sneakers au style douteux et PC bardé de LED. Cooler Master vient en effet de mettre en vente son bien étrange concept de tour gaming en forme de basket présenté à l'occasion de son trentième anniversaire. Comptez 3 500 $ pour cette configuration avec une RTX 4070, un Intel i7 13700K, 2 To de SSD et 32 Go de RAM sur Amazon US. Attention, c'est gros (et ça prend sûrement la poussière en moins de deux).
- Et quitte à parler de LED, notons que la dernière mise à jour de Windows 11 apporte un nouveau menu permettant de gérer les éclairages de ses différents périphériques nativement. Cela évitera de télécharger les apps maison de Razer, Corsair et consorts que vous avez dû installer pour couper les diodes de votre dernier achat. Espérons que les fabricants joueront le jeu et laisseront Windows piloter leur matériel.
- Snif. La trilogie Batman : Arkham, qui devait sortir le 13 octobre sur Switch, a été repoussée le temps de serrer quelques boulons. Warner Bros. Games affirme avoir besoin de temps pour offrir une expérience correcte, et cherche sans doute à éviter les embouteillages de ce mois d'octobre bien chargé. Il faudra donc patienter jusqu'au 1er décembre pour rejouer à ces trois jeux ayant en partie plus de 10 ans en 720p sur un écran de 7 pouces. Non, moi non plus je n'en peux plus d'attendre.
¹ Notons tout de même à toutes fins utiles que je suis le neveu d'Yves Guillemot.
² Sauf mention contraire. L'intégralité de la rubrique « En vrac » est sponsorisée par Ubisoft.
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