Test de Dragon Age: The Veilguard, un miracle mais pas un chef d'œuvre
Déchirons le Voile
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Un miracle, il n'y a pas d'autre mot pour qualifier Dragon Age: The Veilguard. BioWare traine ce projet comme un boulet depuis plus de dix ans, durant lesquels le développement a subi des reboots incessants — on a même échappé à une mouture « jeu service »… Pouvoir finalement jouer au 4e opus de la saga Dragon Age aujourd'hui, sous cette forme, est donc rien moins qu'un miracle.
Est-ce à dire pour autant que The Veilguard est un chef d'œuvre ? Absolument pas. Le jeu porte les stigmates du development hell et reflète les départs des vétérans qui portaient en eux l'ADN de la saga. Il y a aussi la volonté de s'adresser davantage aux novices qu'aux plus capés de Dragon Age. Bref, c'est un pari pas forcément gagné mais qui mérite qu'on s'y arrête le temps d'un test.
Dragon Age: The Veilguard : de quoi ça parle ?
Solas, alias le Loup Implacable, alias Fen'Harel, alias le Dieu du mensonge, est à deux doigts de briser le Voile, une barrière magique qui sépare le monde de Thédas de l'Immatériel, la dimension des esprits et des démons. Une petite équipe de héros emmenée par Varric Tethras parvient in extremis à stopper le désastre, mais dans le feu de l'action l'opération libère de leur prison deux Dieux elfiques, Elgar'nan et Ghilan'nain.
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Ces Dieux ont bien l'intention de mettre le souk et recouvrir Thédas d'une bonne couche d'Enclin qui corrompt tout sur son passage. Varric étant hors jeu, il revient au nouveau venu Rook de prendre les commandes d'une équipe qui va devoir, devinez quoi… sauver le monde !
Le scénario de Dragon Age: The Veilguard se déroule dix ans après les événements d'Inquisition. Plusieurs protagonistes, dont le fameux Solas, mais aussi Varric et Harding, sont des piliers de la saga. Rook est en revanche une pièce rapportée qui va devoir faire ses preuves tout au long d'une aventure d'une bonne cinquantaine d'heures.
Comment ça se joue ?
Contrairement à bon nombre d'autres RPG du même tonneau, Dragon Age: The Veilguard n'a pas embrassé le style open-world. Le joueur doit donc arpenter une dizaines de zones qui deviennent accessibles au fil des quêtes. Ces zones sont plus ou moins vastes et linéaires ; les deux grandes métropoles du jeu, Treviso et Minrathie, sont l'occasion d'une exploration plus en profondeur mais ça ne va jamais très loin.
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Malgré la linéarité du jeu, il est chaudement recommandé d'explorer les ruelles, les recoins et les petits chemins : on y trouvera très souvent des trésors et autres ressources indispensables pour améliorer ses équipements. Le joueur n'est jamais vraiment perdu : la prochaine quête est signalée très clairement sur la map, même si parfois il faudra faire preuve d'astuce pour atteindre une destination (rien de très compliqué cependant).
À chaque Dragon Age son système de combat. The Veilguard abandonne pratiquement toute prétention tactique et stratégique pour des combats en temps réel où il faut maîtriser les parades et les combos pour s'en sortir. Ce n'est pas Devil May Cry pour autant, mais ceux qui apprécient les jeux de tape ne seront pas dépaysés. Il y a bien tout de même la possibilité de faire des pauses tactiques, qui permettent d'assigner un adversaire à un compagnon (on verra plus bas que ce n'est pas la panacée) et surtout, de balancer des attaques combinées dévastatrices.
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Ces combos nécessitent d'avoir dans son groupe deux compagnons aux compétences « compatibles », par exemple un qui applique une fissure et un autre qui fait exploser les cibles fissurées. À cela s'ajoute la gestion des équipements de Rook et des autres membres de l'équipe, de leurs arbres de compétences et spécialités. Les fans hardcore de jeux de rôle façon Baldur's Gate 3 et les rois des builds Diablo 4 ne seront guère épatés par ce niveau de sophistication, ça ne va effectivement jamais très loin. Avantage : n'importe qui pourra s'y retrouver assez facilement.
Le jeu comprend 3 actes comprenant un total de 14 chapitres, chacun d'entre eux comptant un certain nombre de quêtes principales, secondaires, et de compagnon. Il est chaudement recommandé de s'y atteler pour améliorer les relations entre les protagonistes et avec les six factions de Thedas : Gardes des Ombres, Mandataires du Voile, Dragons de l'Ombre, Seigneurs de la Fortune, Sentinelles Funetes, Corbeaux Antivans.
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Rook pourra d'ailleurs choisir son origine parmi ces factions, en plus d'une classe (guerrier, voleur ou mage), ce qui bien sûr influe non seulement l'approche générale du héros mais aussi les relations qu'on peut entretenir avec ses compagnons et les autres factions. Il est essentiel d'avoir tout ce petit monde dans la poche pour espérer mettre un terme à l'engeance de Solas et des Dieux maléfiques.
Qu'est-ce qui est bien ?
Il y a au moins une chose que BioWare réussit parfaitement dans Dragon Age: The Veilguard : le créateur de perso ! Proposé gratuitement au téléchargement, il permet vraiment d'aller très en profondeur dans la personnalisation de Rook — tout en faisant de ce passage obligé quelque chose de gratifiant, ce qui n'est pas toujours le cas.
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Il faut également reconnaitre au jeu sa vista. Les différents biomes sont spectaculaires (point bonus pour la forêt d'Arlathann imprégnée de magie et de bouts de bâtiments flottants) avec de superbes animations et des effets de lumière qui flattent l'œil. Cet excellent travail de fond graphique permet au jeu de proposer des séquences épiques, en particulier contre les dragons qui sont des moments intenses du jeu.
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Rassurez-vous : si les combats reviennent très souvent (ils représentent une bonne partie du jeu), ils sont aussi très péchus et satisferont les amateurs d'action. BioWare est clairement allé chercher du côté de God of War pour les mécaniques des bastons, mais après tout, autant s'inspirer de ce qui se fait de mieux. Ajoutons aussi les différentes capacités spéciales à déverrouiller de Rook et de ses compagnons qui permettent de varier les méthodes d'approche et de renverser le cours d'un combat.
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Si on peut trouver à redire sur l'écriture générale du jeu (voir plus bas), les compagnons ont eu droit à un soin particulier dans leurs histoires. Certaines sont un peu plus faibles que d'autres, mais on a toujours beaucoup de plaisir à en apprendre davantage sur son équipe. Des membres comme Emmrich et son majordome Manfred, ou encore la détective hard boiled Neve Gallus bénéficient de véritables arcs de développement (à l'inverse malheureusement de Rook).
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Remercions également BioWare d'autoriser le joueur à porter un inventaire infini ! Plus besoin de revendre ou de laisser en plan des équipements qui auraient pu servir plus tard et ça, c'est quand même bien cool. Tout comme la possibilité de réattribuer les points de compétence du personnage principal et de ses compagnons n'importe quand, sans malus ni avoir à payer quoi que ce soit. Voilà qui devrait inspirer bien d'autres jeux !
Enfin, un mot sur le doublage voix en français, qui est d'un très bon niveau non seulement pour les protagonistes principaux (Rook compte pas moins de quatre comédiens de doublage !), mais aussi pour les PNJ. On est clairement sur du triple A.
Qu'est-ce qui est moins bien ?
Le gros souci de Dragon Age: The Veilguard est indéniablement son écriture. À commencer, et c'est assez embêtant, par celle de Rook, le héros incarné par le joueur. Le protagoniste, créé pour les besoins du jeu, n'a aucun lien avec la saga et son passé n'est jamais réellement explicité tout au long du jeu. C'est en quelque sorte une enveloppe vide, un personnage fonction sans aspérités qui ne donne pas vraiment envie de le suivre dans une grande aventure.
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Au début du jeu, le seul fait d'armes de Rook est d'avoir été recruté par Varric et de faire équipe avec Harding, deux piliers de la franchise. Sa légitimité pour devenir chef d'équipe est donc fortement limitée, ce d'autant que le jeu ne lui donne pas vraiment les meilleures lignes de dialogue : on reste trop souvent au niveau d'un livre de développement personnel avec des phrases de motivation toutes faites.
Dans tous les cas, il est inutile de vouloir incarner un héros maléfique. Pas de mode « Dark Urge » à la Baldur's Gate 3 ici, même si certains choix auront une influence sur les compagnons en bien ou en mal. Il y a bien plusieurs décisions lourdes de conséquences à prendre durant le jeu, mais tout reste globalement sur les mêmes rails. Par conséquent, il y aura peu d'intérêt à multiplier les parties, à part pour les complétistes qui voudront se faire toutes les quêtes, tester les trois classes et explorer toutes les possibilités de romance.
Toujours au chapitre de l'écriture, il est regrettable que les scénaristes aient eu la main si lourde sur la représentation de genre. Entendons nous bien : c'est formidable qu'un des compagnons du jeu se découvre non binaire et qu'on puisse l'aider sur ce chemin. Mais c'est fait avec de si gros sabots, sans nuance, que ça en devient contre-productif. Il y a une cinématique dans laquelle un personnage s'excuse de n'avoir pas respecté le choix de pronom du compagnon en question, et s'oblige à faire dix pompes (!) pour expier son pêché. C'est trop, ça donne des munitions aux débiles de Twitter trop heureux qu'on leur serve une cible sur un plateau d'argent.
Sur le plan du gameplay, The Veilguard souffre d'un système de verrouillage de cible pas spécialement efficace. On perd ainsi la cible lorsque l'ennemi s'éloigne, ce qui est particulièrement problématique dans la peau du mage dont la nature est de contrôler le champ de bataille, pas nécessairement de s'engager dans la mêlée. Une mêlée qui, au passage, se contente souvent de recycler les mêmes créatures.
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Les combats en mettent plein la vue, mais ils virent souvent au festival d'explosions et d'effets de lumière, à tel point qu'on se met à taper dans le vide en espérant toucher quelqu'un. Certes, c'est aussi un jeu d'action mais un peu de finesse n'aurait pas fait de mal ! C'est aussi un problème au moment de demander à un compagnon d'attaquer spécifiquement une créature : l'écran de jeu est un tel bordel qu'il en devient impossible d'assigner une victime. Le jeu manque d'une vue tactique et c'est bien dommage, car il y avait quelque chose de potentiellement amusant à creuser.
Autre inconvénient moins grave mais tout de même : chaque zone du jeu comprend un certain nombre de commerçants chez qui on peut acheter toutes sortes de choses, ainsi que des améliorations de stats. C'est une bonne chose, mais le jeu ne donne aucun moyen d'épingler leur emplacement pour y revenir de temps en temps histoire de voir si les stocks ont été refaits.
Dernier petit regret : il n'y a pas de New Game+ après la fin du jeu. Rien du tout, même pas une petite cinématique post-générique, que dalle. Après avoir passé plus de 50 heures à arpenter Thédas, finir sur une note si abrupte est un peu dommage. Pour boucler des quêtes, il faut reprendre une sauvegarde, et encore assez loin dans le passé, c'est à dire à la fin de l'acte 2 ; l'acte 3, assez court néanmoins, ne permet plus d'accéder aux quêtes secondaires non complétées.
C'est oui ou c'est non ?
Beaucoup de qualités, mais aussi des défauts : dans le genre, on a vu pire. Dragon Age: The Veilguard est graphiquement superbe avec une patte unique et des séquences parfois impressionnantes, les combats sont engageants et dynamiques, l'aventure est longue mais pas trop et les compagnons (plusieurs d'entre eux, au moins) ont des histoires sympas à suivre.
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Tout n'est pas rose bien sûr, le gros point noir restant l'écriture du jeu, que ce soit pour le héros Rook assez transparent, ou encore dans la manière assez pataude de dérouler le script. On relève aussi des combats souvent bordéliques et assez bourrins, ainsi qu'un manque de diversité dans les ennemis ce qui peut engendrer une certaine lassitude.
Ces défauts ne devraient pas vous détourner du jeu qui mérite vraiment le détour. Malheureusement, les étoiles ne se sont pas alignées correctement et on risque bien de ne plus entendre parler de la saga Dragon Age avant un bon moment, sinon jamais. Le seul avantage de cette situation désolante, c'est qu'il est très facile de ne pas payer le titre plein pot, il est souvent proposé 40 % moins cher, et bientôt beaucoup plus sans doute. Profitez en pour découvrir un jeu pas parfait, mais attachant !
Dragon Age: The Veilguard, testé sur PS5. Le jeu est aussi dispo sur Xbox Series S/X, et sur PC.
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