Les raisons de l'échec de la PS Vita
Alors que Nintendo cartonnait avec la Switch
La défaite de la PS Vita fait encore mal aujourd'hui, six ans après l'arrêt de la commercialisation. La console portable de Sony, qui en 2011 succédait à la PSP, n'a pas su résister à la montée en puissance de la 3DS et surtout de la Switch — Sony a échoué là où Nintendo a remporté la bataille. Et il y a de très bonnes raisons à cela, comme l'admet Shuhei Yoshida, qui a été un des maillons essentiels du succès de la PlayStation.
Président des studios PlayStation jusqu'en 2019, puis responsable des relations avec les développeurs, il a annoncé sa retraite il y a quelques semaines. À l'occasion d'un podcast avec la fine équipe de Kinda Funny, il a donné les principales raisons de l'échec de la PS Vita. Elles sont tout d'abord matérielles : la fameuse carte mémoire propriétaire, de triste mémoire, est qualifiée d'« erreur ».
« Les gens devaient dépenser plus d'argent pour les cartes mémoire », explique-t-il. Les modèles de grosses capacités coûtaient une petite fortune, et malgré tout ces cartes étaient indispensables pour stocker des jeux. Utiliser un standard comme les cartes mémoire SD, à l'instar de la 3Ds puis de la Switch, aurait permis d'éviter cet écueil. Mais Sony était tellement accro aux formats propriétaires…
Le panneau tactile à l'arrière de la PS Vita, une idée audacieuse et qui rendait « si bien » durant les phases de prototypes, n'était « pas nécessaire », ajoute-t-il. Surtout, cela augmentait le coût de la console, tout comme l'écran OLED. La révision de 2013 a d'ailleurs troqué l'OLED pour du LCD.
Shuhei Yoshida regrette aussi l'absence de sortie TV, qui aurait pu aider la PS Vita à rivaliser avec la Switch. « Dans le kit de développement pour la Vita, il y avait une sortie vidéo permettant aux développeurs de la connecter à un écran pour créer des jeux », révèle-t-il. « Cependant, l'équipe a décidé de retirer cette fonction de la version destinée aux consommateurs pour économiser quelques centimes ». Dommage…
Sony a essayé de rattraper le coup par la suite avec le PlayStation TV, qui était en quelque sorte une PS Vita pour la télé, mais c'était trop peu, trop tard. En dehors du matos, la console a aussi souffert des ressources limitées de Sony : les studios de développement internes ont rapidement privilégié la PS4, délaissant la pauvre PS Vita.
Un problème finalement résolu par Nintendo avec la Switch, dont la nature hybride permet au constructeur de concentrer ses forces sur une seule plateforme. La Vita a vivoté grâce aux développeurs indépendants et à une poignée d'éditeurs japonais. Au bout du compte, la PS Vita s'est écoulée à environ 15 millions d'unités, un échec pour Sony qui a arrêté les frais sur le marché des consoles portables…
… Avant d'y revenir par la petite porte avec le Portal, lancé fin 2023 et qui a manifestement su trouver preneur malgré l'étroitesse de ses usages (streaming en local puis cloud gaming). De quoi donner envie de relancer la machine ? Le succès des consoles portables a pu donner des idées au constructeur…
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