Le tout petit Noël des consoliers, Lego Horizon Adventures ne casse pas des briques

Nostick Reloaded ? C’est votre infolettre dominicale résumant chaque semaine l’actualité du petit monde du jeu vidéo. Rédigée par plus de 35 journalistes répartis sur pas moins de 10 fuseaux horaires, notre équipe (composée d’anciens de Bloomberg, du Financial Times et de Télé Loisirs) scrute minutieusement l’actualité pour vous condenser la crème de la crème de l’actu gaming. Et entre les multiples déclarations de Phil Spencer ou la sortie d’un nouveau jeu Golden Idol, on ne peut pas dire qu’ils se sont tourné les pouces.

On vide le backlog

— Mickaël

La grosse info de la semaine : l’étrange Noël des consoliers

Les consoliers ont fait contre mauvaise fortune bon cœur en dévoilant cette semaine leurs promos pour le Black Friday et pour Noël. Une PS5 et des Xbox un peu moins chères (aux États-Unis, du moins), des bundles et des rabais sur les jeux chez Nintendo. Rien de foufou donc : la fin de l’année s’annonce relativement calme pour les joueurs et leur portefeuille, ce dont personne ne se plaindra vraiment.

Outre Atlantique, Sony a généreusement retranché 70 $ sur le prix de la PS5 sans lecteur Blu-Ray, soit 380 $ au lieu de 450 $ (hors taxes évidemment). Une stratégie intéressante, puisque le constructeur s’adresse tout autant aux joueurs fortunés avec la PS5 Pro à 700 $ (800 € chez nous 😭) qu’aux plus petits budgets.

Voilà qui permettra de donner un coup de pouce aux ventes de PlayStation durant les fêtes, sachant qu’elles ont reculé au troisième trimestre (6,2 millions d’unités, soit 2 millions de moins qu’il y a un an). Le rebond attendu concernera surtout la PS5 de base, car on imagine mal la PS5 Pro faire des ravages sous les sapins.

Pas de miracle de Noël à attendre pour le catalogue de jeux : en dehors de Lego Horizon Adventures sorti le 14 novembre (et aussi dispo sur PC et Switch), on ne peut pas dire que Sony se soit beaucoup foulé en cette fin d’année. On pourrait même étendre ce constat à 2024 tout entier, exception faite d’Astro Bot. Mais si les ventes du jeu de plateformes sont honorables (1,5 million de copies en 9 semaines), on est loin d’un God of War, Last of Us ou Spider-Man.

PlayStation peut compter sur un catalogue robuste de jeux tiers, FF7 Rebirth et Black Myth: Wukong en tête, mais ce sont des jeux sortis au premier semestre…

Pour ne rien arranger, Nintendo ne devrait pas mettre le feu aux ventes de consoles cette fin d’année. C’est entendu, le constructeur a bien l’intention de vendre des palettes entières de Switch, comme en témoigne l’offensive publicitaire du 1er novembre durant durant lequel l’entreprise a balancé deux spots de Noël plus une troisième réclame « feel good » pour Animal Crossing.

Pour éviter de baisser les prix de la Switch, Nintendo multiplie les bundles avec un jeu et/ou du Switch Online pour cacher la misère. Mais on ne va pas se mentir : après sept ans dans les rayons, la console hybride commence à montrer son âge. Et les rumeurs d’un nouveau modèle imminent n’aident pas à convaincre les acheteurs qu’il leur faut une Switch potentiellement obsolète dans trois ou quatre mois.

Nintendo fait le dos rond : la purée de pois actuelle, qui dure depuis quelques mois maintenant, n’est pas bonne pour le commerce. Les ventes ont plongé de plus de 30 % entre le premier semestre fiscal 2024 et le précédent. Et contrairement à Sony qui peut se reposer sur de solides ventes de jeux, chez Nintendo l’absence de blockbusters se fait ressentir : quasiment -28 % au premier semestre fiscal. Résultat, Nintendo a revu ses prévisions à la baisse pour l’exercice 2024/2025.

Difficile d’imaginer une période de fêtes aussi peu excitante que celle que nous allons traverser cette année ! Et ce n’est pas Microsoft qui va donner un coup de pouce au marché. Il y a bien ce rabais de 50 $ sur les Xbox Series S/X, mais qui voudrait sincèrement acheter une Xbox ? C’est le constructeur lui-même qui l’affirme : tout est une Xbox maintenant, que ce soit un smartphone, une télé connectée ou une console PC portable. Alors pourquoi s’embarrasser d’une console ?

Microsoft se rêve désormais en éditeur multiplateforme… avec un certain succès au vu des ventes de Xbox anémiques. Ce sont les jeux qui portent le business, et pour le coup Xbox est en position de force avec une fin d’année en feu d’artifice : Call of Duty: Black Ops 6, Flight Sim 2024, Stalker 2, Indiana Jones et le Cercle Ancien… Il y aura un jeu pour tous les goûts ou presque, sur PC et Xbox, mais aussi sur PS5 (Black Ops dès maintenant, et Indy au printemps).

2025 sera une autre paire de manches. Non seulement Nintendo aura lancé le successeur de la Switch (enfin, on l’espère…), mais GTA 6 devrait aider à vendre de la console. Mais on n’y est pas encore !

Les relous de la semaine : Steam à la cool avec les nazis

Pas la peine d’aller chercher très loin les commentaires haineux sur Twitter Steam. Ce n’est malheureusement pas une surprise : la boutique en ligne de Valve a un gros problème de modération, les nazis y ont leur rond de serviette et ils ne s’en privent pas. L’Anti-Defamation League (ADL), une organisation internationale qui lutte contre l’antisémitisme, la haine et les discriminations, a analysé des centaines de millions de profits et de commentaires Steam, et le résultat donne mal au ventre.

L’organisation a dénombré 1,8 million de contenus haineux, notamment des symboles suprémacistes blancs et antisémites. 1,5 million d’utilisateurs et près de 75 000 groupes ont utilisé ces symboles, ces mots-clés ou ces contenus extrémistes. 830 000 profils d’utilisateurs et de groupes utilisent des avatars contenant des symboles de haine. Des milliers de profils célèbrent des auteurs d’attentats, avec des avatars ou des références à des manifestes extrémistes et à des attaques.

Il arrive à Steam de supprimer des comptes problématiques, mais ces interventions sont rares et principalement motivées par des pressions externes ou médiatiques. Il n’y a pas de stratégie systémique pour modérer le contenu de ces abrutis. Cette étude de l’ADL devrait mettre un bon coup de pied aux fesses de Valve pour faire son boulot.

Le petit rigolo de la semaine : la fuite en avant délirante de Phil Spencer et de Xbox

Depuis l’acquisition d’Activision l’an dernier, Microsoft a supprimé 2 500 postes dans sa pléthorique division Gaming, dont 650 rien qu’en septembre dernier. Le groupe a aussi fermé plusieurs studios, dont Tango Gameworks (repêché après coup par Krafton) et Arkane Austin.

Pas de quoi pavoiser donc, ce d’autant que les résultats du chèque à 69 milliards de dollars se font attendre pour les joueurs — pour les résultats financiers, tout va très bien merci. Mais il ne faut surtout pas que ça dérange ce bon Phil Spencer, le patron de Microsoft Gaming. Dans son interview chez Bloomberg, il a benoîtement déclaré que oui, l’entreprise ne s’interdisait rien en matière d’acquisition future.

Et tout particulièrement dans le secteur mobile. On l’oublie parfois, mais l’achat d’Activision permet à Microsoft de devenir un poids lourd du secteur, avec Candy Crush de King, ou encore Call of Duty Mobile. Et c’est pourquoi Microsoft reste à l’affût des opportunités sur le marché. Et pourquoi pas acheter de nouveaux studios de jeux mobiles ?

Rien n’est « imminent », a-t-il immédiatement ajouté. Il faut dire que les régulateurs à la concurrence verraient certainement d’un œil mauvais une nouvelle concentration sur le marché du jeu vidéo. Ce qui est fou dans cette stratégie de fuite en avant, c’est que parmi les studios fermés cette année, se trouve Alpha Dog Games justement spécialisé dans… les jeux mobiles !

C'est tout chaud, ça vient de sortir

— Félix

Ça casse pas des briques

Le crossover que personne n’avait demandé Lego Horizon Adventures est sorti cette semaine. Comme on pouvait s’y attendre, le titre reprend l’histoire d’Horizon Zero Dawn et la réinterprète en mode Lego avec des décors faits de briques. Si la formule est similaire à celles des adaptations Star Wars / Harry Potter où l’on parcoure les niveaux en cassant tout ce qui bouge, elle se veut plus linéaire en effaçant l’aspect monde ouvert. Les séances de plateformes se mélangent à des combats sympas et demandant un peu plus de technique que d’habitude. Malheureusement, ce nouveau titre n’est visiblement pas le haut du panier des jeux Lego : les testeurs déplorent le manque d’objets destructibles ainsi qu’un certain manque de prise de risque pour un jeu dont on ne comprend pas bien quel public il vise. En promo et en coop dans quelque temps à la limite, mais sinon, nul besoin de vous jeter dessus. Dispo pour 70 balles sur PC, PS5 et Switch.

Le diable au corps

‌Sorry We’re Closed est un jeu d’horreur indé à gros polygones qui tente de se démarquer par son gameplay original : des angles de caméras fixes pour des combats se déroulant en vue FPS. On y incarne Michelle, persécutée par un étrange démon la maudissant d’un « troisième œil » qu’elle peut activer afin de révéler le monde surnaturel autour d’elle. En pratique, on va sociabiliser la journée avant d’explorer des donjons la nuit dans une ambiance baroque visuellement surprenante. Le jeu s’inspire pêle-mêle de Persona, Silent Hill, mais également de Paradise Killer ou de ‌Killer7 pour un gloubiboulga aussi unique que sexy. Tout n’est pas parfait mais l’univers bizarre et les personnages hauts en couleur ont l’air de valoir le détour si la patte graphique et le style chelou ne vous ont pas rebutés. 24,50 € sur Steam, où une démo est disponible pour les curieux.

Divine idole

Sortez votre loupe, votre pipe et votre carnet de notes : la série Golden Idol est de retour ! Ce second opus se déroule à l’ère presque moderne des années 70 et nous invite à résoudre une vingtaine d’affaires prenant la forme de tableaux quasiment statiques sur lesquels il va falloir cliquer de fond en comble. On débloque ainsi un paquet de mots-clés à glisser dans un texte à trou pour résoudre le mystère (et montrer qu’on a compris ce qui se passait). Si les premières scènes se règlent facilement, la difficulté monte crescendo avec son lot de faux indices et autres twists. Cette suite est visiblement réussie, avec un mystère global sympa et des affaires très satisfaisantes à résoudre. Cela reste un type de jeu à réserver à ceux qui aiment se creuser les méninges et qui parlent anglais, la traduction dans la langue de Molière ayant pas mal de lacunes d’après les testeurs français. Dispo sur PC et toutes les consoles (même les vieilles et la Switch) pour 19,50 €. Notons qu’il y a une démo et que c’est également sur iOS/Android pour les abonnés Netflix.

Pas mal non ? C’est français

Le jeu d’aventure de 1994 Little Big Adventure a cette semaine eu droit à un remake édité par Microids. Le joueur y incarne Twinsen, un petit bonhomme parti à la recherche de sa fiancée devant parcourir une planète colorée sous le joug d’un dictateur savant fou. On y alterne phases d’exploration et séquences de combats faisant appel à la célèbre « balle magique » qui s’améliore au fil du temps. Le titre reste en 3D isométrique, mais gagne une nouvelle direction artistique plus cartoon tandis que le gameplay a été modernisé. La bande-son a été réorchestrée par le compositeur de l’œuvre originale, et cette version 2024 dispose d’un tout nouveau doublage français. Bref, un remake qui a l’air bien fini et qui a reçu un accueil globalement positif : c’est l’occasion de vous y mettre si vous n’avez jamais touché à l’original, d’autant plus qu’il y a une démo sur Steam. Comptez 30 € pour le jeu complet sur PC, Switch et consoles (y compris les vieilles). Attention pour les pécéistes, car cette ‌Twinsen’s Quest a visiblement été pensée pour être parcourue à la manette.

Mais aussi

Si vous avez toujours rêvé de gérer une ferme mais que le taux de suicide chez les agriculteurs vous inquiète, pourquoi ne pas investir dans le tout frais Farming Simulator 25 ? Cet opus ajoute une IA améliorée, de nouvelles options de véhicules et des cartes exclusives pour 50 balles sur Steam et PS5/Xbox. Les fans de Half-Life n’ayant pas eu leur dose avec la mise à jour anniversaire du second épisode pourront se tourner vers la démo de Project Borealis, un fan-game quali proposant d’explorer un Ravenholm sous la neige. Le classique Dragon Quest III est de retour dans une version « HD-2D » visuellement splendide et qui a l’air réussie pour peu que vous ne soyez pas rebuté par le tarif costaud de 60 € sur Steam, consoles ou Switch. Terminons avec la sortie de Tetris Forever qui propose de revisiter les versions « historiques » du fameux casse-tête (mais pas celui du Game Boy, bouh !) plus un jeu original et un documentaire, le tout pour 34 balles.

Le retour de la boîte à baffes chez Ubisoft !

Ubisoft a vraiment, mais vraiment, très mal pensé la fin de carrière de The Crew. La simulation automobile arcade, lancée en 2014, n’est désormais plus du tout jouable depuis le mois de mars, l’éditeur ayant débranché les serveurs : pour un jeu qui nécessite une connexion à internet, c’est la mort assurée.

Ubisoft pensait probablement que cette fermeture n’allait provoquer que quelques remugles chez les derniers joueurs qui n’étaient pas encore passés à The Crew 2 ou The Crew Motorfest. Ce d’autant que l’entreprise s’était engagée à rembourser les joueurs ayant acheté récemment ce premier opus.

Mais ça ne se passe pas du tout comme sur des roulettes. La fermeture de The Crew a été le catalyseur d’une pétition européenne pour empêcher les éditeurs de « tuer » leurs jeux (elle est toujours en cours, alors allez la signer !).

Et voilà maintenant que la justice s’en mêle. En Californie, deux joueurs ont porté plainte contre Ubisoft, en espérant que ça se transforme en recours collectif. Les plaignants n’auraient pas acheté The Crew, dont ils possèdent la version physique, s’ils avaient su que les serveurs pouvaient fermer et donc les empêcher d’y jouer.

Ils filent la métaphore du flipper pour illustrer leur point de vue : « Imaginez que vous achetiez un flipper et que, des années plus tard, vous entriez dans votre salle de jeux pour y jouer et découvrir que toutes les palettes ont disparu, que la bille et les bumpers sont partis, et que l’écran qui affichait fièrement votre meilleur score a été enlevé ». Hé oui, moi aussi ça me rendrait fou.

Évidemment, la justice va mettre un certain temps pour instruire le dossier, et rien ne dit qu’un procès en bonne et due forme sera organisé (ce genre de dossier s’arrange généralement en coulisse). En tout cas, les deux joueurs réclament une compensation financière et des dommages et intérêts.

Ubisoft a semble-t-il senti le vent du boulet quand, il y a quelques mois, il annonçait que The Crew 2 et Motorfest hériteront d’un mode hors ligne. Mais rien pour The Crew…

On n’a pas eu le temps cette semaine, mais on pense à eux

The Rogue Prince of Persia, toujours proposé en accès anticipé sur Steam, revoit tout du sol au plafond : le deuxième chapitre du roguelike ajoute plus de biomes, de boss, un nouveau chapitre, des ennemis supplémentaires et une nouvelle direction artistique. Oui, le Prince n’a plus la peau bizarrement violette ! Cette grosse mise à jour sera livrée le 21 novembre, et le développement du jeu se poursuivra en 2025, promet le studio Evil Empire.

Il y a eu pas mal d’infos sur World of Warcraft qui nous ont échappées cette semaine, mais on ne pouvait décemment pas passer à côté de la plus importante. Les joueurs du MMO vont finalement pouvoir habiter dans leur propre maison ! Ça faisait plus de 20 ans qu’ils attendaient ça… Mais il faudra attendre l’extension « Midnight » qui n’arrivera que dans un an ou deux. De quoi rêver à son petit intérieur douillet…

osef

Le film adapté de Splinter Cell tombe à l’eau.

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