Fin de l’E3, annulation du jeu multi The Last of Us
L'actu de la semaine du 17 décembre
Dépression hivernale, surcharge informationnelle, fear of missing out : autant de maux dont Turbo 9 se veut le remède grâce à son astucieux format d’infolettre hebdomadaire, vous apportant sur un plateau d’argent la crème de la crème de l’actu gaming des derniers jours. Et entre la mise en bière de l’E3 et l’annulation du jeu The Last of Us en multi, la semaine a été pour le moins agitée.
La pétillante actu de la semaine
Press F to pay respects
Elle crachait du sang depuis des années, les organisateurs viennent de débrancher la prise : l’E3, c’est terminé. Stanley Pierre-Louis, président de l’Entertainment Software Association, a annoncé la mauvaise nouvelle dans une interview donnée au Washington Post. « Nous savons qu'il est difficile de dire au revoir à un évènement aussi apprécié, mais c'est la meilleure chose à faire compte tenu des nouvelles possibilités qu'a notre industrie de toucher ses fans et ses partenaires », a-t-il déclaré.
Pour les quelques-uns au fond qui n’ont pas suivi, l’E3 était un des salons les plus emblématiques du jeu vidéo. Créé en 1995, celui-ci se déroulait sur 3 jours à Los Angeles et a pendant longtemps été le plus gros évènement de l’année. En 2005, Nintendo, Microsoft et Sony y ont tous trois levé le voile sur la Wii, la Xbox 360 et la PS3. Le salon a donné lieu à une pelletée de séquences cultes : on se souviendra de l’arrivée remarquée de Reggie Fils-Aimé chez Nintendo en 2004, du passage de Gabe Newell sur un stand Sony après avoir critiqué la PS3 ou encore de la bien embarrassante présentation de Wii Music. Pour les joueurs, l’E3 marquait une avalanche d’annonces et de trailers, décortiqués par les différents magazines et autres sites web pendant plusieurs jours.
Malgré une belle période dorée, l’E3 a perdu en attractivité au fil des ans. Les entreprises ont commencé à lancer leurs propres évènements et salons (BlizzCon, Nintendo Direct…), lui faisant de plus en plus d’ombre. La décision de Sony de ne pas participer à l’E3 2019 a été un clou dans le cercueil ayant motivé de nombreux acteurs à snober la fête. La pandémie de 2020 a fini d’enterrer l’évènement, les restrictions sanitaires ayant fait sauter plusieurs éditions. RIP l’E3, on se sera bien amusé.
Annulations partout, justice nulle part
Nécrologie toujours, avec la confirmation cette semaine que le projet de jeu multijoueurs The Last of Us ne verrait jamais le jour. Naughty Dog a officialisé la mauvaise nouvelle via un billet de blog, dans une décision qui a dû être difficile étant donné que le projet était en cuisine depuis au moins 4 ans. C'est la première fois que le studio annule publiquement un jeu déjà annoncé.
Le studio explique que le projet allait bon train, mais qu’il a fallu « prendre en compte son ampleur » alors qu'il s'apprêtait à entrer en pleine production. Un tel titre aurait impliqué de mobiliser tout le studio pour créer du contenu pendant plusieurs années afin de maintenir cet énorme jeu service. Il a finalement été décidé de se concentrer sur d’autres plans de jeux narratifs en solo, marque de fabrique de la maison.
Difficile d’y voir autre chose qu’une bonne nouvelle. The Last of Us reste une licence avant tout portée par son atmosphère et son scénario, avec des parties shoot sympas mais loin d’être au cœur du jeu. Voulait-on vraiment que Naughty Dog colle toutes ses équipes sur un énième shooter en TPS un peu concon ? La France a-t-elle besoin d’un énième mode battle-royale avec des zombies et des lootboxes ? On a plus qu’à espérer que les équipes libérées vont désormais se mettre au boulot sur le portage du deuxième opus pour PC. Allez, pourquoi pas un petit mode multi si vraiment ça vous démange.
Les yeux plus gros que le ventre
C’est toujours la cata chez Embracer, ce groupe ayant racheté de manière hyperagressive de nombreux studios sur lesquels il était plus que temps de faire le point. En à peine une dizaine d’années, Embracer est passé de petit éditeur à propriétaire de l'un des plus grands réseaux de studios de développement : on parle de noms comme Gearbox (Borderlands), Crystal Dynamics (Tomb Raider), Volition (Saint’s Row) ou encore des droits sur la licence du Seigneur des Anneaux. Embracer possède aussi l’éditeur de comics Dark Horse Media (HellBoy) et le spécialiste des jeux de plateaux Asmodee. Du beau monde pour des dépenses énormes : Embracer a racheté une bonne vingtaine de boîtes en 2020, profitant du climat économique prospère pour chercher des investissements à droite à gauche.
Sauf que l’argent ne coule plus à flots depuis que le climat économique s’est noirci (pas merci la fin du COVID) et qu’un deal avec l’Arabie Saoudite est visiblement tombé à l’eau. Dos au mur, Embracer s’est lancé dans un énorme « plan de restructuration » qui a consisté à fermer des trucs rachetés il y a peu. C’est ainsi que des noms bien connus comme Volition ou Free Radical (TimeSplitters) ont été forcés de mettre la clef sous la porte, tandis que d’autres comme New World Interactive (Insurgency : Sandstorm) ont été grandement amochés.
En parallèle de ces fermetures, Embracer a annulé un paquet de projets et largement dégraissé ses rangs, avec une première vague de départs de 900 personnes. L’hécatombe continue, et on apprend aujourd’hui qu’un certain nombre d’employés ont été licenciés du côté de chez 3D Realms (Duke Nukem) et Slipgate Ironworks (Ghostrunner). Le château de cartes devrait s’ébranler pendant encore quelques mois, ce « programme de restructuration » ayant lieu jusqu’en mars 2024.
Laisse moi doom doom doom
Après toutes ces actus déprimantes, célébrons un anniversaire : Papy Doom a eu 30 ans dimanche dernier. John Carmack et Romero en ont profité pour tailler une bavette sur Twitch, ce qui n’arrive pas tous les jours. Si les deux anciens compères ne sont pas trop revenus sur leur légendaire séparation dans les années 90, ils ont révélé plusieurs petits détails : on a par exemple appris que les ennemis du jeu avaient été rendus volontairement plus bêtes afin de rendre la progression plus fun. Une rediffusion est disponible sur YouTube pour les curieux.
On pourrait se dire que l’intérêt pour un vieux FPS sorti il y a trois décennies se serait atténué en 2023, eh bien pas du tout. La scène modding est encore incroyablement active : un groupe de développeurs a publié un nouveau mod contenant pas moins de 36 cartes afin d’aider papy à souffler ses bougies. Romero lui-même a profité de l’occasion pour mettre en ligne la deuxième partie de Sigil, son extension pour Doom dont le premier volet est sorti en 2019. On oubliera pas non plus l’increvable meme consistant à faire tourner Doom sur n’importe quel bidule électronique, allant du vélo d’appartement au Game & Watch de Nintendo.
Malgré son grand âge, la licence est loin d’être morte. id Software a soft-rebooté la série en 2016 et sa suite Doom Eternal a reçu un très bon accueil en 2020. Doom a carrément eu droit à sa merdouille en free-to-play pour mobile, preuve que quelqu’un chez Bethesda voit encore du potentiel dans la licence. La scène modding du premier opus a fait parler d’elle pas plus tard que cet été avec le phénomène myhouse.wad, un mod d’horreur ayant marqué les esprits par son concept d’ARG bien fichu et sa capacité à pousser les limites du moteur du jeu. Les nombreuses vidéos autour du sujet et les différents articles ont donné un petit coup de fouet à la popularité de ce trentenaire toujours vaillant.
C’est tout chaud ça vient de sortir
- Un moddeur s’est sorti les doigts pour développer une version « HD » de Zelda : Link's Awakening DX. Celle-ci garde les graphismes de l’époque en passant à la trappe le concept de tableaux divisant la carte : autrement dit, le jeu se déroule sur une seule immense map qui fourmille d’animations. Ça a de la gueule, et ça peut être une bonne occasion de découvrir ce jeu culte. Les avocats de Nintendo n’ont pas traîné à faire sauter le projet, mais il n’est pas bien difficile de trouver un lien de téléchargement en cherchant un peu.
- Je n’ai jamais joué à Undertale, et c’est sans doute une erreur vu que des fans ont tellement apprécié le jeu qu’ils ont développé un prequel de qualité professionnelle baptisé Undertale Yellow. Le projet aura passé 7 ans en développement, contient de multiples embranchements et pas moins de 133 pistes à son OST. L’accueil est dithyrambique, et tout cela est disponible gratuitement sur GameJolt : cela mérite probablement le coup d’œil si vous avez aimé l’original. Un mignon petit trailer a été mis en ligne pour l’occasion.
- Le jeu d'assaut policier Ready or Not est sorti cette semaine. Alors attention, ce FPS tactique s’est fait remarquer par certaines décisions un peu edgy pendant son accès anticipé. On a par exemple eu droit à des maps plus ou moins inspirées de véritables fusillades ou à des commentaires pas bien fute-futes des développeurs. Si l’on met de côté ces quelques faux pas de mauvais goût, le jeu devrait ravir les amateurs de FPS tactique punitif et réaliste : le titre vous propose d’incarner une équipe du S.W.A.T en co-op dans différents scénarios (prise d’otages, etc.). Le jeu fête sa sortie avec six nouvelles cartes, plusieurs modes de jeu, de flingues en cascade et tout le tralala. À vous de voir si ça vaut le coup de lâcher les 50 € demandés sur Steam.
- Pour une fois qu’il y a un jeu un peu ambitieux en VR, ne boudons pas notre plaisir. L’action-RPG Asgard's Wrath 2 est sorti cette semaine et a reçu un accueil très positif. Le titre mélange combats en VR, puzzles et exploration dans un monde basé sur la mythologie égyptienne. Cette suite est visiblement un vrai jeu pensé pour la VR, plus proche de la profondeur d’un Half-Life Alyx que d’une énième « expérience » à 15 balles. Si vous avez un casque et que l’univers vous fait de l’œil, ça vaut sans doute le détour : on n’est pas près d’avoir un aussi gros jeu en VR avant des années. 60 € sur la boutique Quest.
Le trailer de la semaine
On parle souvent de concepts bizarres dans Turbo 9, mais celui-là décroche le pompon : une immersive sim dans une ville à la Cité 17 où un FLIC GÉANT vous surveille en permanence, vous empêchant de vous enfuir. Il est possible de négocier avec lui, ce qui peut passer par des phrases directement prononcées au micro ou via un sous-menu pour les timides. Une nouvelle vidéo de gameplay d’une dizaine de minutes a récemment été mise en ligne montrant un peu à quoi ça va ressembler. Une page Steam est disponible, sans date de sortie pour le moment.
En vrac
- Si vous avez acheté le sympathique Dave the Diver, vous serez ravi d’apprendre la sortie d’une extension gratuite pour PC et Switch. Celle-ci est basée sur l’univers de Dredge, un jeu de pêche Lovecraftien dans lequel on hameçonne des créatures bizarroïdes. Le DLC propose de rencontrer les personnages du jeu et de naviguer pour attraper des « abominations sous-marines », ce qui devrait donner des sushis rigolos. L’extension est disponible gratuitement sur Steam, c’est donc l’occasion de replonger (héhé).
- On s’est bien marré la semaine dernière en jetant des cailloux sur la dépouille encore fumante de The Day Before, un jeu ultra-ambitieux mort-né sorti dans un état si catastrophique que l’affaire ressemblait quand même fortement à une arnaque. Surprise, c’était bien le cas : quatre jours après la sortie du jeu, le studio Fntastic a baissé le rideau et son fondateur a effacé ses pages des réseaux sociaux. Dans un bref communiqué, il explique que le jeu s’est planté et devoir mettre la clef sous la porte à cause d’un « manque de financement ». The Day Before n’est plus en vente sur Steam, et la plateforme rembourse le jeu à qui le demande. Le studio affirme qu’il ne recevra pas un dollar sur les ventes, mais force est d’admettre que le timing reste suspect. On attendra de voir comment tout ça se décante, mais le jeu restera dans l’histoire comme un bel exemple de hype foireuse et de pétard mouillé.
- Une des plus vieilles rumeurs du Net consiste à faire croire que Luigi peut être débloqué dans Super Mario 64. La légende urbaine a un fond de vérité étant donné que Nintendo avait bien prévu d’inclure le personnage, avant de l’enlever à cause de problèmes d’optimisation. Si aucune build contenant Luigi n’a jamais vu le jour, un utilisateur de Twitter est tombé il y a peu sur un réupload d’une émission de variétés japonaise des années 90 dans laquelle on peut apercevoir 3 secondes de Luigi sur une télé en arrière-plan. On ne voit presque rien, mais c’est toujours marrant de voir ce genre de détails remonter quasiment 30 ans après la sortie du jeu.
- Merci d’arrêter de SNIFFER votre Steam Deck. Ce n’est pas moi qui vous le demande (vous faites bien ce que vous voulez) mais Valve, qui a enfin communiqué sur ce sujet brûlant. « Comme pour tous les appareils électroniques, il est généralement déconseillé d'inhaler les gaz d'échappement de votre appareil », a recommandé l’entreprise à un joueur ayant posé la question. La pratique consistant à passer le nez devant les grilles d’aération de la console est visiblement répandue, ne me demandez pas pourquoi, je ne veux pas le savoir.
Turbo 9 va prendre une pause hivernale bien méritée après cette 17e (!) édition. L’infolettre reviendra peut-être en janvier dans un nouveau format étant donné que j’aimerais bien m’essayer à d’autres styles d’articles sortant du monotone résumé de l’actu. Tests, dossiers, analyses… ma boîte mail est ouverte aux suggestions. Il est aussi possible que l’infolettre ne revienne pas si je me trouve une nouvelle passion pendant les vacances (course à pied, World of Warcraft, alcoolisme, etc.). Une petite période de réflexion s’impose de mon côté pour relancer la machine. En attendant, bonnes vacances à tous !
Merci de lire Turbo 9 ! N’hésitez pas à laisser votre mail pour plus d’articles. J’ai aussi un compte sur X et sur Bluesky si les mails c’est pas trop votre truc.
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