Avec la PS3, Sony a « volé trop près du soleil »

Heureusement, Microsoft a complètement foiré

Avec la PS3, Sony a « volé trop près du soleil »
© Sony

Il n'aura échappé à personne que Sony fête actuellement les 30 ans de PlayStation, dont le succès a été très rapide à se dessiner malgré la concurrence acharnée de Nintendo et de Sega (pauvre Dreamcast). Le constructeur a toujours cherché à repousser les limites au fil des générations, avec l'Emotion Engine de la PS2 et le fameux processeur Cell de la PS3.

30 ans de PlayStation, merci Nintendo
Bon anniversaire PlayStation !

Le carton insensé de la PS2 était monté au front de Sony, et le successeur se devait d'en faire toujours plus. « La PS3 a été le moment "Icare" de Sony », se remémore Shawn Layden, l'ancien patron de PlayStation auprès d'Eurogamer. « Nous avions eu la PS1, la PS2… et maintenant, nous allons construire un super ordinateur ! Et nous allons mettre Linux dedans ! Et nous allions faire tous ces trucs ! ».

La réalité, c'est que Sony a « volé trop près du soleil ». Le fameux processeur Cell était effectivement extrêmement puissant, mais il s'est surtout révélé non seulement très cher à produire, mais aussi très compliqué à exploiter par les développeurs. Et pendant que Sony tentait de faire valoir les possibilités du Cell, les développeurs préféraient concevoir des jeux multi-plateformes pour le plus grand profit de la Xbox 360.

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Bien sûr, des jeux comme Gran Turismo 5 ou The Last of Us ont su tirer partie des possibilités de la PS3, mais il s'agit de titres développés par des studios maison ayant un accès privilégié aux couches basses du système — et ils n'avaient pas besoin de s'embarrasser d'une compatibilité Xbox ou PC (à l'époque). « Le matériel de la PS3 a mis beaucoup de temps à devenir rentable, vraiment beaucoup de temps, alors quand nous avons lancé la PS4, c’était pratiquement un produit sans perte dès le premier jour », détaille Shawn Layden.

De fait, Sony a appris sa leçon à la dure : « En passant à la PS4, nous avons compris certaines choses, comme : mieux vaut acheter [les composants] plutôt que de les construire, quand c'est possible. Vous pouvez mieux gérer les coûts. Vous pouvez négocier avec les fournisseurs et obtenir de meilleurs accords au lieu de tout construire vous-même », précise-t-il.

Le gros coup de pouce de Microsoft

Le constructeur peut en tout cas remercier Microsoft qui s'est tiré un bazooka dans le pied avec la Xbox One, présentée en 2013 comme une boîte à tout faire sans que le jeu vidéo soit prédominant. « Nous avons aussi appris que le cœur de la machine doit être le jeu vidéo. Ce n’est pas une question de savoir si je peux diffuser des films ou écouter de la musique. Est-ce que je peux commander une pizza tout en regardant la télé et en jouant ? Non, il faut simplement en faire une console de jeux », rappelle Shawn Layden.

À cela s'est ajouté le coup de génie de Shuhei Yoshida — sur le départ — et de sa fameuse pub-mode d'emploi pour prêter un jeu PlayStation à un ami. « C’était dévastateur dans sa simplicité », s'amuse Layden. Et Microsoft s'en souvient encore… « Quand la PS4 est sortie, elle nous a positionnés à l’opposé de ce qu’Xbox essayait de faire. [Ils voulaient] créer davantage une expérience multimédia, et nous, nous voulions simplement créer une console de jeux exceptionnelle ». La PS4, lancée la même année que la Xbox One, a permis à Sony de gagner définitivement la guerre des consoles de salon.