20 ans de Steam, débâcle chez Unity

L'actu JV de la semaine du 17 septembre

Révélations exclusives, analyses de fond, tests détaillés : autant d'éléments que vous ne trouverez pas dans ce nouveau numéro de Turbo 9, une newsletter hebdomadaire se contentant de vous résumer ce qui s'est passé cette semaine dans le petit monde du jeu vidéo. Au menu aujourd'hui : l'anniversaire de Steam, la débandade chez Unity et un peu de Nintendo Direct.

La pétillante actu de la semaine

Unity, c'est fini 🎶

« Comment vais-je bien pouvoir briser la relation de confiance entre mon entreprise et ses clients aujourd'hui ? », s'est demandé de bon matin le sémillant CEO d'Unity avant de courir vendre les actions de sa boîte. La réponse à cette question a pris la forme d’une nouvelle grille tarifaire pour les développeurs: le célèbre moteur de jeu va bientôt les prélever à chaque fois qu'une personne installe leur jeu. La redevance monte jusqu'à 20 centimes de dollar par installation, ce qui peut vite représenter un paquet de flouze pour les bricoleurs de jeux gratuits et autres indépendants. Cette nouvelle politique, rétroactive, vise notamment à croquer dans les revenus des mastodontes du jeu mobile tournant sous Unity comme Genshin Impact ou Pokémon Go.

John Riccitiello, le CEO d'Unity connu (entre autres) pour avoir traité ses clients d'abrutis et avoir proposé de faire payer un dollar aux joueurs de Battlefield pour recharger leurs armes. Image : Unity.

Évidemment, cette nouvelle règle sortie de nulle part a semé la panique dans l'industrie : les développeurs de Cult of the Lamb ont menacé de retirer leur jeu de la vente, tandis que ceux d'Among Us ont commencé à calculer combien leur coûterait un portage sur un autre moteur. La taxe est particulièrement féroce vis-à-vis des petits studios et n'est pas adaptative (le taux ne change pas même si le jeu passe en promo). Autrement dit, un développeur indépendant pourrait très bien crouler sous les dettes après avoir rendu son jeu gratuit sur Steam pendant un week-end si celui-ci est téléchargé plusieurs millions de fois.

En plus de ce changement de modèle économique surprise, tout le monde s'énerve sur le fait que les règles sont assez floues. Comment sera comptabilisé le nombre d'installations ? L'installation d'une copie pirate sera-t-elle facturée aux développeurs ? Unity a bien tenté d'éteindre le feu en affirmant que plus de 90 % de ses clients ne seraient pas affectés et que la redevance ne s'appliquerait pas aux réinstallations sur une même machine, de nombreuses questions subsistent et le contrat de confiance est définitivement rompu. J'en connais chez Ankama qui doivent serrer des dents après avoir passé des années à porter Dofus sur Unity.

Capcom croque la Pomme

Resident Evil 4 Remake sera bientôt jouable de la façon dont Capcom l'a toujours voulu : en visant les ganados avec ses gros doigts boudinés sur un écran de 6,1 pouces. L’éditeur a en effet confirmé que son récent remake et Resident Evil Village seraient tout deux disponibles sur le nouvel iPhone 15 Pro d'ici la fin de l'année. Si on ne sait pas trop ce qu'il en sera niveau performances, c'est tout de même très impressionnant étant donné qu'on parle de deux jeux triple A faisant souffler bon nombre de PC de milieu de gamme. Apple a également annoncé qu'Assasssin's Creed Mirage arriverait début 2024 sur l'App Store, ce qui est là aussi une belle prouesse si le titre tourne correctement.

« Mais qui diable va donc jouez à cela ? », vous demandez-vous les poings sur les hanches et les sourcils relevés (je vous connais si bien). Eh bien, les joueurs équipés d'un téléphone qui coûte pas loin de trois PS5 prêts à casquer pour un portage mobile qui sera probablement vendu plein pot. Autrement dit sans doute pas grand monde, mais la stratégie d'Apple est ailleurs.

Cela fait maintenant quelques années que la firme de Cupertino met les bouchées doubles sur les « gros » jeux vidéo en vantant les performances de ses machines et la simplicité du portage à travers son écosystème. Signer avec des développeurs prestigieux comme Ubisoft ou Capcom permet, lentement mais sûrement, de faire passer le mot qu’elle dispose d'une bonne plateforme pour joueurs. Alors certes ça va prendre du temps, mais si Apple arrive à se créer un catalogue renouvelé régulièrement, le message pourrait finir par rentrer et attirer de nouveaux développeurs. Reste à voir si elle tiendra le pari sur la longueur.

Putain, 20 ans !

Steam a 20 ans, et Valve célèbre l'évènement à l'aide d'une frise chronologique délicieusement rétro. Le petit launcher a commencé à faire parler de lui en 2004 lorsqu'on l'a vu débarquer aux côtés de Half-Life 2 et de Counter Strike : Condition Zero. Pas de boutique à l'époque, il s'agissait simplement d'un utilitaire permettant de télécharger des correctifs. Les débuts ont été compliqués : les joueurs ne voyaient pas trop pourquoi s'embarrasser d'un nouveau DRM impliquant d'avoir une connexion internet, d'autant plus que le logiciel n'était pas des plus stable.

La situation s'est améliorée avec le temps et Steam a rapidement perdu son statut d'usine à gaz pour devenir un incontournable. La plateforme, désormais une énorme machine à impression de billets, compte plus de 100 millions d'utilisateurs actifs par mois. Si certains éditeurs ont essayé de couper les ponts en lançant leur propre alternative (Origin, Uplay, Battle.net), aucun n'a jamais réussi à sérieusement lui tenir tête. Seul Epic progresse timidement en lâchant régulièrement des millions de dollars pour des campagnes de jeux gratuits, ce qui ne suffit pas à réellement faire trembler Valve.

Fort de sa position dominante, Steam a une influence sur toute l'industrie. L'apparition des lootboxes et du Steam Marketplace a durablement modifié le concept de microtransactions dans les jeux. L'ajout d'une fenêtre de remboursement pour les personnes ayant joué moins de 2 h a changé la manière dont bien des développeurs envisagent leur projet. La prise en charge des jeux ‌early access a bouleversé les rapports entre les studios et leur audience. Perché au sommet de la montagne, Steam n'a plus grand-chose à prouver en 2023. Valve essaye donc de lui faire toucher un nouveau public grâce à son Steam Deck, véritable porte-étendard de la boutique sur batterie.

Et pour quelques remakes de plus

Nintendo a profité d'un évènement surprise pour dévoiler une poignée de nouveautés… et pas mal de réchauffé. Le japonais a fait ses fonds de tiroir en annonçant le retour de ‌Paper Mario : La Porte Millénaire, de Mario vs. Donkey Kong et de Luigi’s Mansion 2, qui sortiront dans une version revue courant 2024 sur Switch. Un remaster des trois premiers Tomb Raider ainsi que des deux Another Code sera également disponible en début d'année, et même sur Steam dans le cas des aventures de Lara Croft.

Un peu plus original, on sait désormais que Princess Peach: Showtime! sortira le 22 mars 2024, tandis que Le retour de Détective Pikachu s'est payé un nouveau trailer. Le reste des annonces n'était pas redoutablement excitant à l'exception de quelques portages pour la Switch (Wargroove 2, Dave the diver) et d'un nouveau SaGa.

Petite surprise : « Big N » a annoncé le lancement de F-Zero 99, un jeu de course à 99 joueurs (si, si) présenté comme un battle-royale. C'est disponible tout de suite pour les abonnés Nintendo Switch Online. Alors non, ce n'est pas un vrai nouveau F-Zero, mais ça montre au moins que Nintendo n'a pas complètement enterré la licence.

C'est tout chaud ça vient de sortir

  • Les petits gars de chez Niantic viennent de lancer leur nouveau jeu : Monster Hunter Now. Le studio cherche à recréer l'étincelle Pokémon Go en mélangeant une fois de plus chasse aux monstres et gameplay incitant à sortir dehors. On espère pour eux que ça fonctionnera, leurs autres tentatives de diversification s'étant toutes plantées jusqu'à présent. Pour y avoir joué une dizaine de minutes, ça ressemble quand même fortement à Pokémon Go avec un chapeau et une fausse moustache.
  • Si vous avez toujours rêvé de tout plaquer pour reprendre la vieille ferme de votre oncle mais que les statistiques de suicide chez les agriculteurs vous inquiètent, Sprout Valley pourrait vous intéresser. Ce jeu en pixel art tout pipou vous propose d'incarner un petit chat qui doit s'occuper de son île et de son jardin. Pour 13,31 € sur Steam, je ne sais pas ce qu'il vous faut de plus.
  • Pixel art, film noir, fusillades et parapluie : autant d'éléments que mélange Gunbrella, un nouveau jeu d'action-plateforme en 2D édité par Devolver. L'univers a été décrit comme du « western dieselpunk », ce qui devrait au moins vous faire lever les sourcils et cliquer sur la page Steam si vous n'êtes pas totalement blasé. 15 € sur PC et sur Switch.
  • La démo du RPG en vue isométrique Broken Roads est désormais disponible sur Steam. Le jeu se veut dans la même veine que les premiers Fallout avec un univers post-apocalyptique dans le désert. Ça a l'air sympa et pourra peut-être remplir l'énorme vide qu'a laissé la fin de Disco Elysium dans votre petit cœur de rôliste. Sortie le 14 novembre.

Le trailer de la semaine

Alors oui je suis à la bourre, mais je ne pouvais pas vous laisser dans l'ignorance : il existe un « demake » de Resident Evil 4 en 2D. Un grand malade a publié une vidéo de gameplay de 30 minutes montrant le célèbre survival-horror réinventé au format GameBoy Advance. Tout y est, des textures ultra-compressées à l'interface revue quasiment illisible. C'est ça qu'on veut Capcom, pas des portages sur iPhone.

En vrac

  • Techland a eu la très bonne idée d'ajouter des microtransactions à Dying Light 2, un jeu accueilli plutôt tièdement il y a un an et ayant réussi à redorer son blason au fil des mises à jour. Ces ingrats de joueurs ont évidemment sorti les fourches, notamment car la boutique propose par exemple des items à 550 points là où il est seulement possible d'acheter des packs de 500 points. Techland a promis qu'elle allait revoir sa copie à ce sujet, mais la réputation du jeu en a pris un coup et celui-ci s'est fait copieusement review-bombé sur Steam.
  • Il y a peu, je vous parlais du développement chaotique de S.T.A.L.K.E.R 2 et de son studio qui enchaîne les galères. L'équipe a dû quitter Kiev suite au début de la guerre en Ukraine, un des game designers du jeu est mort au front, une build de test a été volée et diffusée par des pirates… Nouvelle tuile : leurs bureaux situés à Prague ont été touchés par un incendie accidentel ayant ruiné un étage entier. Le titre est toujours attendu pour le début d'année prochaine, enfin, on croise les doigts.
  • Assassin's Creed : Black Flag (celui chez les pirates) a récemment disparu de Steam : il n'en fallait pas moins pour que les fans commencent à spéculer sur l'arrivée d'un éventuel remake. Malheureusement il n'en sera rien, Ubisoft ayant confirmé à Eurogamer qu'il s'agissait d'un simple problème technique.
  • Le jeu de base des Sims 5 sera gratuit, a confirmé EA qui va tout de même remplir ses piscines à champagne en vendant des DLC payants. Ce nouvel opus (dont on a pas beaucoup d'informations pour le moment) aurait été conçu pour « co-exister » avec Les Sims 4, ce qui veut dire qu'EA compte bien continuer de vendre à prix d'or de nouveaux kits de meubles pour son simulateur de maison de poupée ad vitam aeternam.

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